Guillaume Frauly
Les lettres sont sa matière…
exposition Zask’s the Question, Galerie Anatome, février 2004

Les lettres sont sa matière, ses signes. Elle les « dépèce jusqu’à l’os », les décompose ou les ordonne comme pour mieux en révéler le sens, en faire des images. Elle construit une grammaire, structure la création en la décomposant méthodiquement pour s’exprimer par le signe, laisser une trace, distiller un message. Graphiste, affichiste, artiste, auteur… Catherine Zask est aussi multiple que ses écritures ou la matière à partir de laquelle elle développe son langage visuel. Elle prend toujours la lettre comme point de départ.

« Ce sont toujours les mots qui pour moi font image ».

Depuis sa formation à l’ESAG (École supérieure d’art graphique), dont elle sort diplômée en 1984, elle ouvre son atelier parisien et développe ce travail sur la lettre. Impossible de dissocier son travail de commande de ses recherches parallèles, tant la symbiose entre les deux est nécessaire.

Ses explorations et expérimentations graphiques trouvent un écho dans ses commandes et c’est justement cette approche qui séduit ses clients, L’Hippodrome – scène nationale de Douai, la Scam ou encore l’École d’architecture Paris-Malaquais.

Ses images ne sont qu’entrelacements, enchevêtrements de matières, interactions, « gribouillis » ou dislocations… Son terrain d’expérimentation : l’affiche, la page, mais surtout chaque élément qui la compose, les lettres, mais aussi « les entre-mots, entre-lettres, entre-lignes, révélés par noircissement ». Elle procède par tâtonnement, par intuition, à la recherche d’une méthode, d’une grammaire, afin de communiquer ses émotions.

Méthodique et cartésienne, Catherine Zask doute, lutte, argumente et développe, sans pour autant se prendre au sérieux. Elle s’approprie les signes, les interprète pour un destinataire, mais également pour elle-même. Elle les surnomme ses « radiographies de pensées ».

Énigmatique, Catherine Zask ne se livre pas facilement. On découvre son intérêt pour l’architecture, l’espace, qu’elle regarde encore une fois avec un œil différent, analysant les éléments qui composent une construction, choisissant d’exercer son regard, de tout mémoriser, d’interpréter et comprendre ce qu’elle voit pour reconstruire.

On découvre qu’elle rêve de produire de l’immatériel, des sons par exemple, ou qu’elle cuisine les soba al dente avec une sauce aux truffes noires (le noir & blanc n’est jamais loin !). Catherine Zask est une graphiste en effervescence, dont le travail ne s’apprécie que si l’on y met du cœur. « La relation avec l’autre induit la méthode ».